Pour confondre le suspect no 1 dans le meurtre des
quatre Néerlandais à Montfort, les policiers espèrent trouver des
empreintes sur les cartes bancaires utilisées peu après dans la région





L'endroit est idyllique. Les grandes fleurs jaunes des tournesols
s'alignent à l'infini autour de la bastide aux teintes rosées. Quelques
arpents de vigne s'étirent au loin. Le premier voisin, sur la petite
route qui serpente vers Montfort (Gers), est à plusieurs centaines de
mètres. C'est dans ce havre de paix gascon, à une trentaine de
kilomètres d'Auch, au lieu dit la Boupillère, que quatre Néerlandais ont
été sauvagement tués dans la nuit du 20 au 21 mai dernier. Des dizaines
de coups de couteau pour quelques bijoux et huit cartes de crédit.
Depuis, un homme de 35 ans, Kamel Ben Salah, a été mis en examen pour
«assassinats accompagnés d'actes de barbarie» et incarcéré. Les retraits
effectués avec les cartes bancaires volées croisent étrangement son
chemin dans les jours qui ont suivi le drame. Mais le jeune
Franco-Tunisien nie farouchement. A-t-il pu, seul, maîtriser quatre
personnes? Ou les meurtriers étaient-ils plusieurs? Autopsie de
l'enquête.

Ce sont des amis néerlandais du village voisin d'Estramiac qui, le 22
mai dernier, ont découvert le carnage. Ce soir-là, inquiets de trouver
porte close alors qu'ils étaient conviés à dîner, ils s'introduisent
dans la Boupillère par une entrée mal verrouillée. Le spectacle est
insoutenable. Marianne Van Hulst, qui avait acheté la bastide avec son
époux Artie, à l'automne 1998, en vue d'y passer leur retraite, a été
bâillonnée, chevilles et poignets ligotés avec de l'adhésif de chantier,
avant d'être égorgée de quatre coups de couteau sur un lit. Sa soeur,
Dorothea, a subi exactement le même sort. Le mari de cette dernière,
Johan Nieuwenhuizen, également bâillonné, a lui été transpercé de douze
coups de lame, dont cinq, mortels, dans le dos. Il gît dans la cuisine.
Enfin, un peu à l'écart, dans l'atelier où il avait l'habitude de
bricoler, Artie Van Hulst a été touché par quatre décharges de plombs
(calibre 12) - la dernière tirée en plein coeur. Un tel déchaînement de
violence laisse supposer aux enquêteurs que les agresseurs ont essayé de
leur extorquer leurs codes confidentiels de carte bancaire. Puis, pour
laisser croire à un départ précipité vers les Pays-Bas, les trois
véhicules des Néerlandais ont été rentrés dans le garage, les volets
soigneusement fermés et la petite chaîne qui marque l'entrée de la
Boupillère, tendue.

Cette mise en scène n'empêchera pas les gendarmes et la juge
d'instruction d'Auch, Catherine Léger, de déterminer rapidement l'heure
du crime. Le 20 mai au soir, Marianne Van Hulst, sa soeur Dorothea et
Johan Nieuwenhuizen ont en effet dîné dans un restaurant tout proche, à
Fleurance. Ils sont de retour à la Boupillère un peu après 23 heures, un
repas froid à la main pour Artie, qui était resté bricoler. Or les
premières tentatives de retrait d'argent avec l'une des cartes bancaires
volées sont enregistrées la même nuit, à 2 h 42, au Crédit agricole de
Mauvezin, une bourgade distante d'une douzaine de kilomètres. Les
meurtres ont donc eu lieu entre 23 heures et 2 h 30 du matin. Inutile de
préciser qu'à une heure pareille les champs de tournesol alentour ne
regorgent pas de témoins...

Un parcours qui intrigue les enquêteurs
Les pistes sont rares. Des restes de papiers calcinés trouvés à quelques
pas des victimes intriguent les enquêteurs. A-t-on voulu faire
disparaître des documents gênants? Les gendarmes se rendent aux
Pays-Bas. Dans leur ville, Oss, les Van Hulst font figure de notables.
Artie est patron d'une entreprise de vêtements de protection contre les
risques chimiques et nucléaires, Marianne est conseillère municipale de
sa ville sous les couleurs du VVD, un parti libéral de droite. Bref,
rien que de très normal... Ce n'est d'ailleurs pas des Pays-Bas mais
d'Allemagne que viendra la première piste sérieuse: Dieter Zurwehme, un
«tueur fou» récemment échappé de prison, est aperçu quelques jours après
le drame en train d'échanger des chèques de voyage contre des euros
dans une banque de Montauban. Or une voiture immatriculée en Allemagne a
été retrouvée à 25 kilomètres de Montfort peu avant le drame... Depuis,
le visage inquiétant de l'insaisissable Zurwehme est affiché dans
toutes les mairies du Gers.

Mais c'est un autre homme qui intéresse discrètement les gendarmes.
Kamel Ben Salah est venu les voir dès qu'il a entendu parler du meurtre à
la radio. Ce n'est pas entièrement un inconnu pour eux: outre quelques
petites condamnations en Tunisie, Ben Salah a été inquiété pour une
histoire de chéquier, puis condamné à huit mois de prison avec sursis
pour une altercation au fusil avec un voisin de la ZUP du Garros, à
Auch. Déjà, à l'époque, c'est lui qui s'était présenté spontanément à la
gendarmerie... Or Kamel était à la Boupillère le soir du drame.
Bénéficiant depuis mars d'un contrat emploi-solidarité à la mairie de
Sarrant, où il effectue divers travaux d'entretien, il arrondit ses fins
de mois avec des petits boulots au noir. Justement, à la mi-mai, il a
commencé à refaire les peintures chez les Van Hulst. Le soir du crime,
il dit être parti au moment où Marianne Van Hulst, Dorothea et son mari
revenaient du restaurant, vers 23 heures, ce que confirmera plus tard sa
compagne. Evidemment, la maison est truffée de ses empreintes digitales
- jusqu'au fameux adhésif de chantier, qui lui servait, dit-il, à
protéger les boiseries de la peinture.

Mais c'est son parcours dans les jours suivant le crime qui intrigue les
enquêteurs. Deux jours après le drame, le 22 mai, Kamel Ben Salah
achète pour près de 5 000 francs de bijoux dans la boutique Le Donjon,
au centre commercial de Roques, près de Toulouse, pour les offrir à sa
femme, dépressive depuis la mort de sa mère. Comment Kamel justifie-t-il
cette dépense, qui représente deux fois son salaire mensuel? Il lui
arrive de vendre du «shit», confie-t-il audacieusement aux gendarmes...
Pourtant, ce même jour, à 11 h 51 puis à 15 h 8, des retraits ont été
effectués avec l'une des huit cartes volées aux Néerlandais à l'agence
du Crédit agricole de ce même centre commercial de Roques. Troublant. De
même, une tentative infructueuse de retrait - lors de laquelle la carte
sera avalée - est signalée au Crédit agricole d'Auch peu après 13
heures la veille, alors que Kamel Ben Salah se trouvait précisément dans
les rues de la ville à cette heure-là. «Mais à un autre endroit»,
assurent ses avocats, Mes Jean-Claude Prim et Edouard Martial.

L'hypothèse d'éventuelles complicités
Enfin, plusieurs autres tentatives de retrait sont réalisées le 23 mai:
vers 16 heures à la caisse d'épargne de Beaumont-de-Lomagne, à 16 h 44 à
la Société générale de Montauban, à 18 h 38 à Léguevin, enfin à 19 h 2 à
L'Isle-Jourdain. Cet après-midi-là, Kamel dit être allé à la feria de
Vic-Fezensac. Mais sans y avoir retrouvé les amis avec lesquels il avait
rendez-vous...

Les cartes bancaires des Néerlandais connaîtront décidément un curieux
destin: ce même 23 mai, au soir, alors que la nouvelle du meurtre de
Montfort commence à être diffusée à la radio, une habitante de
L'Isle-Jourdain aperçoit l'occupant d'une voiture s'en débarrasser par
la vitre sous ses yeux. Selon les avocats de Ben Salah, ce témoin aurait
évoqué une Fiat Punto immatriculée en Haute-Garonne, alors que leur
client roulait en 405 ou en Polo immatriculées dans le Gers... Un détail
qui relance l'hypothèse d'éventuelles complicités. Devant les
dénégations répétées de Ben Salah, les gendarmes multiplient les
investigations scientifiques. Ils recherchent notamment des empreintes
digitales sur les fameuses cartes bancaires.





LEXPRESS.fr

Encore et toujours cette histoire qui s'est passé à une quinzaines de kms de chez moi...

Pire encore ce Kamel Ben Salah était mon voisin proche.
Pourtant il paraissait et était tout tranquille et très calme. Respectueux avec tout le monde.
Cette affaire m'a toujours parut louche. Et aujourd'hui encore les faits change de direction...

Affaire à suivre. Car je ne sais pas si on trouvera les coupables réel.

Oui ne nos jours on doit faire très attention quelle drôle de vie qu'on à maintenant...Merci du partage gros bisous