Double infanticide: condamnée à 20 ans
Une femme de 37 ans, jugée pour l'assassinat de ses deux enfants de quatre et huit ans en 2009 dans son appartement du Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine) a été condamnée à une peine de 20 ans de prison par la cour d'assises des Hauts-de-Seine. Dans un silence de plomb, Marion Imhoff a accueilli le verdict sans ciller. Peu après la décision, son avocat, Me Bernard Dartevelle, a fait part de ses inquiétudes sur les intentions suicidaires de sa cliente. La cour s'était retirée très tardivement pour délibérer pendant plus de trois heures avant de rendre sa décision dans la nuit de vendredi à samedi. Avant la délibération des jurés, Marion Imhoff avait appelé de ces voeux "une sanction inévitable et légitime", demandant une nouvelle fois pardon à son mari et à sa famille.
Une peine de vingt-cinq ans d'emprisonnement avait été requise par l'avocate générale, Cécile Delazzari, qui avait demandé aux jurés une "décision sévère" à l'égard de cette femme qui, tout en étant une bonne mère, avait "toujours gardé pleinement conscience de la réalité de ses actes". "Il faut accepter que des actes soient difficiles à comprendre. Ce serait tellement rassurant de se dire que l'accusée est atteinte d'une pathologie lourde. Or, elle était une adulte avec une conscience et ses choix ont abouti à la mort de ses deux enfants", a estimé l'avocate générale Cécile Delazzari.
Dans la nuit du 4 au 5 mai 2009 dans son appartement confortable du Plessis-Robinson (Haut-de-Seine), Marion Imhoff avait réveillé son fils de 8 ans et sa fille de 4 ans vers 3h du matin pour leur faire boire à chacun un verre d'eau rempli de comprimés d'anti-dépresseurs, suivi d'un peu de jus de fruit pour en dissimuler le goût. Constatant un peu plus tard que ses enfants respiraient encore, elle avait alors décidé de les étouffer en appuyant un oreiller sur leur visage. Marion Imhoff avait ensuite tenté de se suicider en absorbant une forte dose de médicaments mais avait pu être réanimée par les secours.
Séparation, licenciement et avortement en toile de fond
Pendant le procès, l'accusée avait expliqué avoir été prise dans une "spirale" et être privée de "solution" à la suite d'une séparation difficile avec son mari, un licenciement et un avortement. "Ce n'est pas la mort que j'avais en tête, c'était la paix. Pour moi, c'était une façon de trouver l'accalmie définitive", avait raconté la voix brisée l'accusée. L'avocat de l'accusée, Me Bernard Dartevelle, a plaidé "l'altération du jugement" de sa cliente, qu'il a qualifié "d'ouragan émotionnel": "on doit admettre l'état non rationnel dans lequel elle était ce jour-là". Me Dartevelle a demandé une peine "juste", espérant que "la mère soit sanctionnée" et que la "femme soit un peu épargnée".
Un plaidoyer balayé par l'avocate générale. Selon Mme Delazzari, la contestation de la préméditation par l'accusée n'est qu'"une stratégie de défense": Marion Imhoff a organisé une dernière journée normale "pour éviter qu'on la dissuade d'aller au bout de son projet", elle a laissé une lettre d'adieu "d'une clarté impressionnante" et a concédé avoir pensé aux médicaments depuis plusieurs mois. Pour l'avocate générale, l'accusée a par ailleurs fait preuve d'un "profond égoïsme" en tuant ses enfants. Voyant qu'ils respiraient encore, elle a choisi de terminer son geste "plutôt que de prendre le risque de les laisser vivants et d'être séparée d'eux