..Poésie.....Le temps d'un été

Spécial Team

Le temps de l'été se fait piéger à la toile de l'araignée, un fil d'argent, relié entre deux branches, qui se berce au vent léger. Les fleurs ont besoin d'eau pour apaiser leur soif, elles tendent leurs pétales à la bouche des cieux. L'horloge du temps s'écoule en creusant la terre de ses ongles invisibles, l'été tourne les feuilles de la forêt du vert à l'or, en osant lui dire les secrets de l'infini. Les jours en lumière épinglent les rêves des sapins, l'ombre accompagne leur clarté... Le chant des tourterelles résonne au creux des fleurs de la bignone, le bruissement de leurs ailes réveille la conscience de l'existence. Les colverts épellent les nuages, les frissons du vent arrachent une ramure du silence...

Mon visage écrit une nouvelle phrase où le temps pose une empreinte. Je marche tournant en rond avec les saisons, l'écureuil cache ses désespoirs au fond d'un nid... La maison laisse sa fenêtre ouverte à la lune qui attend la nuit pour se montrer, ses tuiles ocre brillent au soleil tel un phare qui guide un messager perdu...

Je vais à travers les sentiers de l'été, regardant avec les yeux d'une biche qui a peur de l'hiver. Dans le fossé asséché, l'ortie sème ses phrases brûlantes au dos des ronces qui égrappent leurs fruits aguichants. La saveur de l'eau donne soif aux pierres, la terre retient encore une dernière larme dans ses racines...

Je marche seule... Mon cœur palpite au tambour des bouleaux qui redressent leurs troncs pour attraper les étoiles. Les fruits du sureau retiennent encore leurs larmes, attendant le sang des vignes pour sangloter leurs peines. Le cuivre des feuilles rayonne la mémoire de l'arbre, la pomme arrondit son ventre et se remplit de chair, se dorant nue à la peau du ciel...

Je vais sans compter mes pas à la rencontre de la dégringolade du jour qui avale le temps avec un appétit d'enfant pressé de devenir grand. Je ne sais plus compter les heures qui me séparent de toi, je déambule avec mon corps qui craque comme un vieux morceau de bois, le ventre vide pour mieux accueillir l'abondance de l'automne. Ma tête est remplie d'images pleines de traces de toi. Au bord du ruisseau, une souche suce l'eau pour étancher sa soif. Une armée de ronces épinglent leurs sourires sur le petit pont qui tend ses bras d'une rive à l'autre...
Août laisse ses paroles ensoleillées sur la vitre de l'été, ma bouche retient ses mots pour ne pas crier la faim de toi. La chair de mes émois se moue à la farine de la châtaigne qui pousse sous la coque épineuse du temps qui passe...

Septembre 2005

Pinkiewicz Julienne

Palme d'or de l'anim.